Les deux premiers épisodes de Alien: Earth viennent d’atterrir, et forcément, impossible de ne pas avoir les attentes au plafond. Une nouvelle série dans l’univers de Alien, sur notre planète, avec la promesse d’un mélange entre science-fiction, horreur et satire sociale… Mais après visionnage, le constat est plus nuancé. Oui, il y a de belles choses. Oui, on sent une volonté de dépoussiérer la saga. Mais est-ce que ça fonctionne ? Disons que… c’est un « moui ».
🎥 Ce qui fonctionne
Une mise en scène soignée
Dès l’introduction, on sent que le réalisateur a travaillé ses plans. Il y a beaucoup de jeux de superpositions, de parallèles visuels, qui renforcent le propos. La série s’ouvre d’ailleurs sur une scène hommage au premier film, avant de basculer vers quelque chose de totalement nouveau pour la saga. Cette intro est probablement le meilleur moment de ces deux épisodes.
Un sous-texte social actuel
Le message autour des milliardaires et des androïdes hybrides est limpide, et les parallèles avec notre époque sautent aux yeux. Exploitation, contrôle, manipulation… Alien: Earth ne se cache pas pour tirer des flèches vers notre réalité.
Les créatures
Le Xénomorphe bénéficie d’un rendu fluide et organique, probablement un mélange de costume et de retouches numériques discrètes. C’est crédible et agréable à l’œil.
Les autres créatures ajoutent de la nouveauté sans faire de l’ombre à l’Alien central, ce qui est un bon équilibre.
Des CGI corrects
Globalement, les effets sont propres. On note tout de même quelques ratés, comme le vaisseau dans la ville, qui fait un peu maquette numérique bas de gamme.
🩸 Ce qui coince
Un Alien trop exposé, trop vite
En moins de 10 minutes, le monstre est déjà entièrement montré. Exit le mystère, la suggestion, la peur latente qui faisait la force du premier, deuxième et troisième film. Ici, le Xénomorphe est mis en scène comme un simple serial killer de série B, et plus on avance, plus il est visible. Un choix qui enlève énormément de tension.
Une révélation progressive, avec une apparition complète à la fin du premier épisode, aurait été bien plus efficace.
Toutefois j'apprécie le jeu qu’il a de se fondre dans le décor.
Des acteurs inégaux
Chez les soldats notamment, certains jeux d’acteurs laissent perplexe. Les dialogues et les réactions manquent parfois de crédibilité.
Un montage épileptique inutile
Ces petits montages rapides montrant les morts de personnages coupent le rythme et n’apportent rien à la tension. Ils participent même à la suppression du mystère du pourquoi le vaisseau est en perdition.
Une bande-son parfois hors-sujet
De la musique rock dans Alien ? Non. La saga a toujours joué sur le silence et les bruitages, avec la musique utilisée seulement dans des moments clés. Ici, l’ajout de rock désamorce complètement l’ambiance.
Et surtout… ça ne fait pas peur
C’est peut-être le plus gros défaut : aucune montée en tension sur la quasi-totalité de ces deux épisodes, à l’exception d’une scène. Pour une saga d’horreur, c’est un vrai problème.
⚖️ Verdict : un « moui » prudent
Alien: Earth n’est ni un désastre, ni un coup de maître. C’est un début correct, mais qui se prive volontairement des armes les plus efficaces de la saga : la montée de tension, la peur de l’inconnu et le mystère autour de la créature.
En l’état, le traitement du Xénomorphe est au même niveau que dans Alien: Covenant — correct visuellement, mais trop banal dans sa mise en scène.
Reste à voir si les épisodes suivants parviendront à réinjecter la peur viscérale qui a fait la légende de Alien. Parce que pour l’instant, on a surtout l’impression d’assister à un thriller de SF efficace… mais pas terrifiant.